Anonyme – Biocoop 11h45
C’était à la Biocoop, alors déjà c’est bio et supposément coopératif, mais tout le monde vient en voiture, et j’étais la seule à être venue en vélo ce jour là, donc j’ai immédiatement eu un petit goût amer niveau effort écologique collectif. Je sais qu’on est dans une zone commerciale un peu excentrée, et que les courses c’est lourd, qu’un coffre c’est commode, mais bon, on ne fait jamais un gros plein au Biocoop, à moins d’être très très riche, non ? Ah, oui. Je réalise alors qu’on ne va pas à la Biocoop pour le côté solidaire mais plutôt le côté bien-être personnel à soi tout seul lorsqu’on en a les moyens. Bon, ok.
Je traverse la petite entrée, je porte mon petit masque à fleurs, bien entendu, je me passe du gel hydroalcoolique parce que ça abîme les mains, et que de toute façon je ne suis pas porteuse du virus, enfin j’imagine que tout le monde pense un peu comme ça pour s’abstenir de se recouvrir les mains de ce pseudo-liquide poisseux, et que c’est par ce biais cognitif qu’on se retrouve avec autant de voitures sur le parking de la Biocoop.
Quand je viens ici, c’est pour prendre des bons légumes quand ce n’est pas le jour du marché, alors je file vers le rayon primeurs en évitant de regarder les baguettes et autres fromages qui me font de l’oeil sur le trajet, je prends de la verdure, des fruits, des choses et des bidules naturels comme ça, et puis quand même une petite boîte d’oeufs, des amandes en vrac, une boîte de tisane (verveine, super original) même si c’est quand même mieux d’aller dans les magasins spécialisés qui sentent bon, je suis en rade, et la tisane c’est ma seule alternative au vin rouge les soirs de solitude, donc il me faut de la tisane pour ne pas finir alcoolique.
Il y a déjà 4 personnes qui attendent à la caisse, dont une vieille dame qui raconte sa vie à la caissière, mais mon arrivée déclenche l’ouverture de la seconde caisse, et deux personnes, peut-être lasses d’attendre, se jettent dessus, donc je me retrouve juste à attendre derrière la personne après la vieille dame, et au final ça va plutôt vite.
Quand c’est mon tour, la caissière me demande si je suis sociétaire – car ici, c’est comme ça, on paye 30 euros une seule fois pour avoir des prix un peu réduits toute la vie, on devient alors sociétaire, et on a une petite carte avec un code barre dessus, qu’il faut scanner quand on passe en caisse, et après on peut se moquer intérieurement de ceux qui ne l’ont pas car ce sont des étrangers et ils payent plus cher – et je suis confuse car d’habitude je prépare la carte en avance mais aujourd’hui j’ai oublié de la sortir, alors un peu en panique je la cherche dans mon manteau, et comme c’est un peu l’automne j’ai trop de poches, je mets au moins 10 secondes, ce qui est gênant, je finis par trouver mon porte cartes, je fais scanner ma carte, mais la caissière reste totalement détendue, d’ailleurs c’est principalement ce qui m’attire ici, les caissier.e.s sont toujours détendu.e.s, tous mes articles passent sans encombre, je n’ai rien oublié de peser, rien ne se renverse des sacs en papier que je ne ferme pourtant pas, ceci dans l’espoir des les réutiliser, mais en fait ça bien longtemps que je ne les réutilise plus, ou alors juste comme sac à emballages pour la poubelle jaune à la maison, et alors je me demande quel est l’impact écologique de ces sacs en papier marron. Mes légumes passés de l’autre côté de la caisse, je remets tout dans mon panier, celui qui rentre dans ma sacoche de vélo, avec les oeufs tout en haut, et je paye avec une carte bancaire, depuis le COVID on peut faire du sans contact au dessus de 30 euros, j’en ai pour 35 euros, donc j’en profite. La caissière me demande si je veux mon ticket, je dis que non merci, et elle me donne quand même un ticket mais seulement celui de la carte bleue, je ne sais pas si c’est parce que celui là ils sont obligés de le donner, c’est peut-être une exigence légale de la banque, en tout cas ça fait toujours un peu bizarre quand on te donne un ticket quand même alors que tu as dit que tu n’en voulais pas, mais bon j’ai appris à l’accepter, je fais mon plus grand sourire à la caissière en lui disant « au revoir, bonne journée » avant de fermer mon panier, sortir, le mettre dans ma sacoche de vélo, décrocher mon vélo, et puis partir.
C’était des courses satisfaisantes car tout s’est passé exactement comme prévu, et ça se passe souvent comme prévu, j’aurais tout autant apprécié avoir une bonne surprise quelconque, comme croiser une connaissance, mais ça ne m’arrive jamais ici, peut-être parce que je n’y vais pas aux bonnes heures j’en sais rien. Mes consciences écologique et solidaire sont satisfaites, tout comme ma conscience bien-être et santé car je n’ai pas fait de faux-pas dans la selection de mes produits. Reste qu’il va falloir cuisiner ce midi au lieu de manger un truc tout préparé, ce qui m’empêche de mettre quand même un 10/10 à ces coucourses, auquelles j’attribue quand même un 8/10 bien mérité.