9 décembre 2021

Anonyme – Biocoop 11h45

C’était à la Biocoop, alors déjà c’est bio et supposément coopératif, mais tout le monde vient en voiture, et j’étais la seule à être venue en vélo ce jour là, donc j’ai immédiatement eu un petit goût amer niveau effort écologique collectif. Je sais qu’on est dans une zone commerciale un peu excentrée, et que les courses c’est lourd, qu’un coffre c’est commode, mais bon, on ne fait jamais un gros plein au Biocoop, à moins d’être très très riche, non ? Ah, oui. Je réalise alors qu’on ne va pas à la Biocoop pour le côté solidaire mais plutôt le côté bien-être personnel à soi tout seul lorsqu’on en a les moyens. Bon, ok.

Je traverse la petite entrée, je porte mon petit masque à fleurs, bien entendu, je me passe du gel hydroalcoolique parce que ça abîme les mains, et que de toute façon je ne suis pas porteuse du virus, enfin j’imagine que tout le monde pense un peu comme ça pour s’abstenir de se recouvrir les mains de ce pseudo-liquide poisseux, et que c’est par ce biais cognitif qu’on se retrouve avec autant de voitures sur le parking de la Biocoop.

Quand je viens ici, c’est pour prendre des bons légumes quand ce n’est pas le jour du marché, alors je file vers le rayon primeurs en évitant de regarder les baguettes et autres fromages qui me font de l’oeil sur le trajet, je prends de la verdure, des fruits, des choses et des bidules naturels comme ça, et puis quand même une petite boîte d’oeufs, des amandes en vrac, une boîte de tisane (verveine, super original) même si c’est quand même mieux d’aller dans les magasins spécialisés qui sentent bon, je suis en rade, et la tisane c’est ma seule alternative au vin rouge les soirs de solitude, donc il me faut de la tisane pour ne pas finir alcoolique.

Il y a déjà 4 personnes qui attendent à la caisse, dont une vieille dame qui raconte sa vie à la caissière, mais mon arrivée déclenche l’ouverture de la seconde caisse, et deux personnes, peut-être lasses d’attendre, se jettent dessus, donc je me retrouve juste à attendre derrière la personne après la vieille dame, et au final ça va plutôt vite.

Quand c’est mon tour, la caissière me demande si je suis sociétaire – car ici, c’est comme ça, on paye 30 euros une seule fois pour avoir des prix un peu réduits toute la vie, on devient alors sociétaire, et on a une petite carte avec un code barre dessus, qu’il faut scanner quand on passe en caisse, et après on peut se moquer intérieurement de ceux qui ne l’ont pas car ce sont des étrangers et ils payent plus cher – et je suis confuse car d’habitude je prépare la carte en avance mais aujourd’hui j’ai oublié de la sortir, alors un peu en panique je la cherche dans mon manteau, et comme c’est un peu l’automne j’ai trop de poches, je mets au moins 10 secondes, ce qui est gênant, je finis par trouver mon porte cartes, je fais scanner ma carte, mais la caissière reste totalement détendue, d’ailleurs c’est principalement ce qui m’attire ici, les caissier.e.s sont toujours détendu.e.s, tous mes articles passent sans encombre, je n’ai rien oublié de peser, rien ne se renverse des sacs en papier que je ne ferme pourtant pas, ceci dans l’espoir des les réutiliser, mais en fait ça bien longtemps que je ne les réutilise plus, ou alors juste comme sac à emballages pour la poubelle jaune à la maison, et alors je me demande quel est l’impact écologique de ces sacs en papier marron. Mes légumes passés de l’autre côté de la caisse, je remets tout dans mon panier, celui qui rentre dans ma sacoche de vélo, avec les oeufs tout en haut, et je paye avec une carte bancaire, depuis le COVID on peut faire du sans contact au dessus de 30 euros, j’en ai pour 35 euros, donc j’en profite. La caissière me demande si je veux mon ticket, je dis que non merci, et elle me donne quand même un ticket mais seulement celui de la carte bleue, je ne sais pas si c’est parce que celui là ils sont obligés de le donner, c’est peut-être une exigence légale de la banque, en tout cas ça fait toujours un peu bizarre quand on te donne un ticket quand même alors que tu as dit que tu n’en voulais pas, mais bon j’ai appris à l’accepter, je fais mon plus grand sourire à la caissière en lui disant « au revoir, bonne journée » avant de fermer mon panier, sortir, le mettre dans ma sacoche de vélo, décrocher mon vélo, et puis partir.

C’était des courses satisfaisantes car tout s’est passé exactement comme prévu, et ça se passe souvent comme prévu, j’aurais tout autant apprécié avoir une bonne surprise quelconque, comme croiser une connaissance, mais ça ne m’arrive jamais ici, peut-être parce que je n’y vais pas aux bonnes heures j’en sais rien. Mes consciences écologique et solidaire sont satisfaites, tout comme ma conscience bien-être et santé car je n’ai pas fait de faux-pas dans la selection de mes produits. Reste qu’il va falloir cuisiner ce midi au lieu de manger un truc tout préparé, ce qui m’empêche de mettre quand même un 10/10 à ces coucourses, auquelles j’attribue quand même un 8/10 bien mérité.


Technicien – leclerc 20:45

J’ai une relative chance au boulot, parce qu’on me laisse commencer tard. Là où c’est plus pénible, c’est que je finis tard malgré tout. Il faut se contenter d’engloutir des merdes indus, jour après jour, mais là où on voit que les années ont passé c’est que la viande est moins présente dans celles qui finissent dans mon gosier.

Aujourd’hui je finis à 20 heures. Le temps de raconter un peu de conneries aux collègues que je rencontre sur le chemin de la sortie, la dohane bien méritée que je m’enfile en marchant jusqu’à l’arrêt de métro suivant et mon allure nonchalante, ça me prend deux bons quarts d’heure pour rentrer chez oim.

Je peux prendre la 14 si je fume des clopes en 100s, elles sont un peu plus longues. Je descends à proximité du leclerc le plus sale de la région parisienne, et il est dans le nord du 92. Je n’ai besoin que de trucs du matin, un genre de fourrage glucosé qu’on met dans du fromage blanc avec quelques fruits, des pâtes mais la forme que je voulais n’était pas en rayon – je vous implore de ne pas me laisser avec des pâtes trouées non-entortillées pour le prochain confinement – une bière et des coton-tiges. Une voix dans les hauts-parleurs, ainsi qu’une ronde de deux vigiles bien plus concrets, vient nous rappeler qu’on doit payer puis foutre le camp. Je vais aux caisses automatiques, les caisses avec des caissières étant prises d’assaut par des gens dont le caddie déborde. J’attends 5 minutes dans la file, coincé entre des fers à lisser et des tondeuses qui vantent des coupes mi-yul mi-nazi, il semble que la subtilité réside dans le dégradé latéral, mais étant doté d’une calvitie de type tonsure de bénédictin, ça ne me concerne aucunement, il faut d’ailleurs que je me fasse la boule un de ces jours.

Il est à noter que je devrais aller acheter des condensateurs et des diodes pour finir des modules pour un pote depuis des mois, mais je n’y arrive jamais. Je le dis publiquement pour que l’oppobre m’accable à un point insupportable, et que j’y aille par exemple demain matin, ça sera cool de voir Jean-Claude et une belle occasion de faire un report d’un genre pas encore vu ici.

Il est appréciable de ne pas avoir trop de monde dans ce créneaux horaire. Néanmoins, il est inacceptable que Leclerc fils se positionne agressivement sur le marché de la librairie et du blanchissement d’argent à connotation artisitique sans se préoccuper sérieusement de sa vocation première, stocker toutes sortes de pâtes, et pas uniquement des macaroni. J’ai la flemme de relire, 4/10.


10 novembre 2018

Netto des bourgeois et des nouveaux riches

Prise d’une forte crise allergique entraînant des éternuements répétés et puissants, et, lasse de me rendre aux cabinets pour me moucher avec du pq d’entreprise, je me suis rendue ce midi au supermarché Netto situé sur Kurfüstendam au numéro 38. Cela tombait bien car j’avais donc prétexte à ma petite balade digestive de salariée. Le parcours dure environ 7 minutes. Je choisis toujours le trottoir de droite (si l’on a l’Institut Français de Berlin à sa gauche). Il y a toujours un roumain pour jouer à la clarinette ou à l’accordéon des airs qui foutent en dépression instantanément : Edith Piaf, le boléro de Ravel…
J’arrive devant le Netto et ses portes vitrées automatiques, je m’engage dans les escaliers mécaniques. Ils me portent, parfois par à coups, au sous-sol. J’aime ce Netto. C’est mon préféré parmi tous ceux fréquentés. Je l’aime car il est petit, son parcours est simple et peut être déjoué. Je ne me sens donc pas contrainte ni violentée par l’idée que je devrais ne suivre qu’un seul parcours, celui décidé par des gens marketeux. Je l’aime parce si je ne trouve rien, je peux en sortir presque immédiatement grâce aux caisses situées à côté de l’entrée.
Il m’a fallu moins d’une minute pour trouver le rayon des mouchoirs et je n’ai eu qu’à passer à gauche des étals de fruits et légumes. Mais j’ai rencontré mamie burger qui cette fois me reconnaissait. C’était notre troisième rencontre dans un rayon différent. Elle m’a conseillé l’achat d’une marque précise de protège-slips, “Sophie”. Je l’ai remerciée poliment, c’était bien là tout ce que je pouvais faire car je n’aurais pas été capable de lui dire en allemand que je ne porte pas de protège-slips parce que je préfère salir les fonds de mes slips et éviter toutes sortes de mycoses vaginales développées au contact de ces bandes chimiques empêchant la circulation harmonieuse de mes vapeurs et particules.
J’ai filé salement pendant qu’elle se penchait dans son caddie, seule une caisse était ouverte, une femme avec un tatouage tribal sur la nuque emballait ses courses. Deux “hallo” échangés, ma monnaie reprise, direction les escaliers mécaniques, “All right let’s go” (Peter Jacques Band) dans les oreilles et un petit faon dans la tête, j’étais dehors, à rebattre le pavé de l’ersatz des Champs-Elysées.

9/10, moins 1 pour les ongles de la caissière qui portait des strass incrustés dans ses prothèses ongulaires.

 


16 novembre 2015

technicien – marché, dimanche, 14 heures

Il va être deux heures, on entend les vendeurs de dehors commencer à remballer. je descends de chez moi, la halle est de l’autre côté de la rue. je me dirige immédiatement vers la vendeuse la moins chère, qui m’a à la bonne, je prends le nécessaire en ne faisant pas attention à l’origine des trucs, bien qu’ils soient de saison. Il me reste deux euros, pas assez pour prendre de la viande. Je me retourne, et c’est le stand du monsieur de l’AMAP. L’autre dame qui m’a à la bonne ne me loupe pas, et me propose un truc pour deux euros. De quoi ai-je besoin? Leurs tomates sont délicieuses, et je me fais avoir pour une caisse de tomates mûres pour mes deux euros et cinq centimes, alors que j’en avais déjà deux kilos du premier stand.

Conclusion: 3/10, j’ai été complètement con sur ce coup-là. En même temps, qu’aurais-je fait d’un fenouil ou d’un radis noir? Je n’ose même pas m’attaquer à un pâtisson qu’un pote m’a ramené il y a un mois en échange de trois nuits sur le clic-clac du salon, il est bien trop mignon pour se faire découper, et je déteste les courges.


20 octobre 2015

Ln – Relou du Leclerc Drive 19/10/2013

Autant  vous dire que c’était comme d’habitude niveau remplissage du coffre, à part peut-être que j’ai décidé de prendre un carton de 4 bouteilles de vin au lieu d’un alcool fort, parce que je fais attention à ma santé et que le vin ça soigne tout. Surtout vers les 4/5 verres.

Bref, me voilà arrivée à l’heure convenue sur ma petite place de parking, je sors, méfiante, ma carte Leclerc de mon portetrucs en titane. J’ai bien regardé à gauche et à droite pour m’assurer que personne ne regardait, et j’ai furtivement scanné ladite carte sur la borne réservée à ma place de parking.

DWOUING !

Putain, pour la discrétion on repassera. J’apprends en lisant le petit écran sur lequel nombre de vieux doivent se casser la vue que c’est Robert qui va s’occuper de ma commande, qui est prête. (Mais encore heureux !! Sinon je te brule ton hangard ma parole, ça va pas ou quoi) (ah et puis en fait je suis con, y a pas de vieux au drive, les vieux sont dans les magasins exclusivement le samedi après midi pour faire chier les gens, c’est un truc secret de vieux, tu peux pas test).

Au même moment, une camionette se gare juste à côté de moi, le mec dedans, du genre rien qu’y se prend pour Alicia Keys en profite pour me mater salement juste comme ça me donne bien envie de tuer. Il en descend l’air coquin. Je voudrais bien lui arracher les yeux mais j’ai peur de la police. Il s’approche de moi ( AH PUTAIN J’EN ETAIS SURE FILS DE PUTE FILS DE PUTE) et me demande en regardant partout sauf dans mes yeux comment ça marche vu que c’est sa première fois. (sa first time s’est pas très bien passée :/)

Bon je ne suis pas une pute, j’ai répondu le plus neutre possible qu’il fallait une carte, sinon tu vas donner ton numéro de commande  au guichet allez au revoir.

Quelques fois je me hais.

3/10 ça aurait du être la moyenne, mais franchement je déteste le regard pervers de ce con.


15 octobre 2015

vendredi 18 heures 30 – gogogogogo

En rentrant, je commence à préparer un énorme splifton bien mérité. C’était sans compter un fâcheux oubli de mon paquet de tabac et de mon unique paquet de feuilles, quelque part, entre montrouge et saint-ouen.

Obligé de descendre chercher des feuilles – bordel, la vie est dure avec moi – et de la résine pour le reste de la vie, tant qu’à faire: c’est juste en face. puis j’irai chercher le reste de ce qui fait un gentleman dans ces temps si obscurs: deux litres de bière, et des olives à l’ail et au piment qui font re-roter de la bière.

je vais donc au tabac et prends deux paquets de feuilles, le temps d’en perdre un dans la semaine. Un flic a gazé puis brutalisé un gamin hier, devant le lycée juste en face du tabac. Mon quartier étant classé zsp, il est fréquent que des bourres soient garés en double-file et rackettent, entre deux parties de candy crush, de temps à autres les clients du four, ce que l’épisode d’hier nous aura évité pendant encore quelque jours a priori. C’est réglé en moins de cinq minutes – entre cinq pigeons devant, et dix derrière, et le colimaçon abrupt de l’escalier puant permet de ne pas se faire dévisager par ses collègues. C’est très habile, la cité a été pratiquement murée il y a deux semaines. Done, je sors, et me précipite chez monope.

Je prends quatre goudales. Je vais aux caisses robots, pas le temps de me faire jauger par des clients qui voudraient me faire croire que leur vie est plus saine que la mienne, pas envie de voir d’hôtesse de caisse, pas envie que ça dure trois heures, j’étais dans une belle dynamique. Six euros et quelques – putain, c’est cher pour être un peu bourré alors que shabbat commence à peine.

Direction le keutur et soixante-dix centimes de ces horribles olives à la marinade de fennec – mes préférées. Done. Je me casse.

Moralité: 6/10. Ma célérité me satisfait au plus haut point, malgré un meilleur bail sur les olives que sur le pilon. Et aussi, la fille du tabac m’a tiré une drôle de gueule sous prétexte que j’avais la braguette ouverte.


13 octobre 2015

Jean-Benoit Beurre – Panique au Netto

Cet incident remonte, mais comme apparemment je ne suis pas le seul à l’avoir vécu, je viens témoigner.

C’était à une époque ou tout allait mal, rien n’allait bien, ou l’homme était un animal dans ma vie, et pas de bébé pour noël n’était prévu, alors je me droguais tranquillement dans l’attente de jours meilleurs. Autant dire que j’étais à fleur de peau du cul, et on était la veille du réveillon, il fallait acheter du pinard et une boite de petits poids en conserve.

Comme à l’époque j’avais envie de faire les coucourses comme de me pendre, j’ai tout naturellement attendu le dernier moment pour y aller, soit 2H avant que ça ferme pour les fêtes, et naturellement c’était blindé du cul. J’étais naturellement rendu parano et con par toute la drogue que j’avais fumé auparavant. Dans ces moments là, je ne vois pas trop les gens, ils sont juste des silhouettes menaçantes dont j’évite de scruter les détails sous peine de chier dans mon froc. Je me faufile donc dans les rayons par ordre : fruits et légumes (à l’époque, je ne cuisinais pas, donc j’ai rien pris), produits laitiers (la crème fraiche salvatrice qui rend tous les plats doux et onctueux, le fromage qui éponge la bière) la bidoche de merde (les saucisse à 1 euros qui se changent instantanément en cancer selon mes amis en couple) les conserves, les bières de rigueur enfin bref … Avec le minimum syndical je décide d’aller affronter la file d’attente, qui sont évidemment de longueurs épiques, voire marathon. Je choisis celle du milieu et c’est alors que je remarque que le type devant moi est une espèce de petite ordure trappue, genre turc-allemand la 30aine abîmée par la mauvaise cocaïne, l’oeil torve, vener’ car plus d’argent pour aller aux putes (putes qu’il avait l’habitude de dérouiller) En effet, celui-ci se retourna et me jeta un oeil noir, ho, je ne l’ai pas pris personnellement, mais il était evident que ce type là avait LA HAINE, je n’ai jamais vu un visage décrivant des envies aussi malsaines, c’était peut-être à cause des crevasses dans sa peau ou du rictus qui déformait sa bouche en mimant un chien prêt à mordre, j’en sais rien. Je ne sais plus ce qu’il achetait,  peut-être rien, pas grand chose en tout cas car il avait les poings serrés, peut-être voulait-il juste en découdre avec la caissière. J’ai senti les contractions s’emparer de mes muscles, la chaleur m’étreindre et la sueur abonder de ma peau, mes dents se mirent à claquer et c’est alors que j’ai sauté hors de la file d’attente pour survivre. J’ai fui au rayon surgelés pour refroidir toute cette tension, et j’ai essayé de retrouver un peu mon calme : ça serait vraiment trop la merde si je devais partir du supermarché sans mes comissions, putain, faut que j’arrête de fumer ça ne va plus du tout, allez courage mon vieux JBB t’es pas un lâche, tu peux le faire, vasy gros. J’ai attendu un peu et j’ai opté pour la file de gauche, qui s’était dégrossie, je me suis cramponné jusqu’à la caisse et j’ai payé et je suis parti en courant dans le froid et les flocons gelés me flagellaient le visage, punition amplement méritée mais sans impact sur le soulagement que j’éprouvais après avoir réussi cette épreuve.

8/10 car pour une fois je ne me suis pas ennuyé


12 octobre 2015

technicien – le turc du boulevard, 19:40 tapées

C’est exactement pour ça que je l’aime bien, c’est la seule épicerie à prix de crevard méditerranéen qui reste ouverte jusqu’à, heu, personne n’a vraiment jamais su. Je sors du métro pour rentrer, il est sur mon trajet.

Les deux allées du magasin débordent de palettes pleines de merdes qu’il vend sur le trottoir. Je me faufile jusqu’aux plaques de trente oeufs, j’ai le choix entre les beiges et les blancs, et je prends les blancs. Un tour de hanches en trois temps plus tard, je suis en face des bacs d’olives, et prends deux cents grammes de noires, et trois cents grammes d’olives au piment, lesquelles doivent vraiment être fortes parce qu’à peine rangées, mon réfrigérateur avait l’air d’honorer la dépouille d’un chacal.

A la caisse, j’en ai pour quatre euros soixante-quinze. Voilà enfin un prétexte pour me débarrasser de mes pièces de deux centimes et de ma pièce de un, qui traînent dans les poches de mon falzar depuis au moins jeudi.

Ce sont là des courses parfaites: elles ont dû me prendre cinq minutes, j’étais seul dans le magasin, et le fait d’être le dernier client facilite le babillage avec le patron, et les acrobaties entre deux tonnes de foul et de harrira. Voilà qui mérite un bon 9/10.


2 septembre 2015

technicien – courses du samedi

Vers 19 heures, une amie m’appelle en pleine descente de la soirée de la veille, apparemment pleine d’amen breaks et de gens bizarres. Pour voler à son secours, je me munis de deux antihistaminiques qui sont également prescrits pour de légères angoisses occasionnelles, du tabac à rouler que j’ai en spare du retour du bled de ma mère, et je fonce vers monoprix, lequel inaugure en grande pompe la dernière heure d’ouverture du jour.

Je trace vers les pinards, en me demandant lequel convient le mieux dans ce genre de circonstance; j’exclus d’office les chers (j’ai deux euros cinquante en cash, une carte bloquée, et trois euros sur une carte monop de fidélité de ma coloc), les blancs (j’ai la ferme intention de lui en squatter trois verres quand même, et ne bois que du rouge), les bordeaux parce que ça coupe les jambes et qu’il faudrait qu’elle prenne un peu l’air, les cépages parce que ça fait type qui dort dehors, et me retrouve avec un truc correct à quatre euros (je détaillerai ma méthodologie un jour).

Au fur et à mesure que j’avance vers le réfrigérateur plein de jambon sous vide d’un côté et de laitue découpée dans un sac en plastque de l’autre, qui marque l’angle à prendre pour se diriger vers les caisses et bénéficier du meilleur panorama pour jauger les différentes files d’attente, je doute de mon choix, fais demi-tour, évalue les autres picrates à 4 eu et finalement reprends le même.

Je m’engage donc dans la file d’attente des caisses, j’ai le choix de scruter la nuque d’un jeune couple dont la fille a de l’herpès autour de la bouche et qui veut acheter du poisson fumé, une bouteille de rosé et le garçon ira chercher une courgette à la dernière minute, et une femme qui a plein de trucs dont une salade colesaw, et finalement, alors que tout s’éternise, une caissière encore plus à gauche qui avait l’air de clôturer sa journée me fait signe. Je m’approche, lui demande poliment si c’était à moi qu’elle faisait signe et si elle n’était pas en train de fermer (elle avait déjà sorti une trousse transparente avec une sérigraphie du logo du magasin, ce qui augure assez bien ce genre de situation), elle me répond que j’ai très bien vu. Je paie avec ma monnaie et ma carte monop et elle me rend un euro.

Je mets la bouteille dans mon sac et je me barre. 3/10 , le seul point positif de ce jour était la caissière. (J’ai décidé de sacquer mes coucourses parce qu’elles ont un peu de mal à se renouveller en ce moment).


25 août 2015

Anonyme – Au Parc

Bonjour à tous, voici la review de mes coucourses au parc.

Au parc, c’est bien connu, il y a plein de types qui traînent et qui vendent des choses qu’on ne trouve pas dans les autres magasins, alors parfois il faut aller y faire ses coucourses, au milieu des landaus et autres hipsters qui bronzent dans la pelouse, se trouvent dans l’allée centrale ces petits commerçant à la sauvette, toujours en bande, les vendeurs de marijuana. Ils sont très nombreux car ici on n’est pas vraiment inquiété en dessous de 15 grammes, alors autant dire que ça sent bon l’herbe dans ce périmètre, du matin au soir ils sont là, fidèles au poste, à se faire une rude concurrence entre reunois, parce que ouais, ils sont tous reunois, en tout cas dans ce parc.

Je me pointe à une heure sûre, genre 17h (non parce que parfois à 22h y’a plus personne), c’est toujours un minimum de tension, peur de la carotte, ou peur des flics comme tu préfères, je garde mon vélo pour avoir les mains libres et pénètre dans le parc, évidemment ils sont tous là, on a que l’embarras du choix, chacun te hèle de venir le voir, vas-y assieds toi là, c’est limite un ordre, c’est dur de choisir et finalement c’est à un de ces black totalement random que je m’adresse. Combien tu veux, j’ai des pochons à 20, non moi je voudrais 10, t’es sûr ? Son pote va chercher le pochon, c’est combien un gros pochon comme ça ? C’est 50. En dessous, t’as pas de sachet, dans quoi je te la mets ? Merde j’ai rien, bon vasy donne la moi dans la main. 10 euros. Ok voila. Merci. Ho, dit-il en rigolant, les yeux écarlates, t’as fait tomber une tête dans l’herbe. Ca, c’est un gros bédot ! Il remet la tête dans ma main et je m’éloigne un peu content, un peu à l’arrache car j’ai une poignée de beuh dans la main que je sais pas où ranger. Finalement je trouve un mouchoir dans ma poche et j’emballe le tout comme ça, et puis je reprends mon vélo et je me casse.

Simple  et efficace, je mets juste un 6 sur 10 parce que l’illégalité ça me fait toujours un peu suer, la beuh est d’une qualité moyenne, la quantité ça passe, bon, voilà quoi.


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