10 novembre 2018

Netto des bourgeois et des nouveaux riches

Prise d’une forte crise allergique entraînant des éternuements répétés et puissants, et, lasse de me rendre aux cabinets pour me moucher avec du pq d’entreprise, je me suis rendue ce midi au supermarché Netto situé sur Kurfüstendam au numéro 38. Cela tombait bien car j’avais donc prétexte à ma petite balade digestive de salariée. Le parcours dure environ 7 minutes. Je choisis toujours le trottoir de droite (si l’on a l’Institut Français de Berlin à sa gauche). Il y a toujours un roumain pour jouer à la clarinette ou à l’accordéon des airs qui foutent en dépression instantanément : Edith Piaf, le boléro de Ravel…
J’arrive devant le Netto et ses portes vitrées automatiques, je m’engage dans les escaliers mécaniques. Ils me portent, parfois par à coups, au sous-sol. J’aime ce Netto. C’est mon préféré parmi tous ceux fréquentés. Je l’aime car il est petit, son parcours est simple et peut être déjoué. Je ne me sens donc pas contrainte ni violentée par l’idée que je devrais ne suivre qu’un seul parcours, celui décidé par des gens marketeux. Je l’aime parce si je ne trouve rien, je peux en sortir presque immédiatement grâce aux caisses situées à côté de l’entrée.
Il m’a fallu moins d’une minute pour trouver le rayon des mouchoirs et je n’ai eu qu’à passer à gauche des étals de fruits et légumes. Mais j’ai rencontré mamie burger qui cette fois me reconnaissait. C’était notre troisième rencontre dans un rayon différent. Elle m’a conseillé l’achat d’une marque précise de protège-slips, “Sophie”. Je l’ai remerciée poliment, c’était bien là tout ce que je pouvais faire car je n’aurais pas été capable de lui dire en allemand que je ne porte pas de protège-slips parce que je préfère salir les fonds de mes slips et éviter toutes sortes de mycoses vaginales développées au contact de ces bandes chimiques empêchant la circulation harmonieuse de mes vapeurs et particules.
J’ai filé salement pendant qu’elle se penchait dans son caddie, seule une caisse était ouverte, une femme avec un tatouage tribal sur la nuque emballait ses courses. Deux “hallo” échangés, ma monnaie reprise, direction les escaliers mécaniques, “All right let’s go” (Peter Jacques Band) dans les oreilles et un petit faon dans la tête, j’étais dehors, à rebattre le pavé de l’ersatz des Champs-Elysées.

9/10, moins 1 pour les ongles de la caissière qui portait des strass incrustés dans ses prothèses ongulaires.